Le Congo peut-il se développer sans la Belgique?
Tant d’encre a coulé, tant de salive évaporée, tant d’émotion exprimée suite à la crise qui prévaut actuellement entre la RDC et la Belgique.
La cause immédiate: De Gucht a “manqué” à Kabila et aux autorités congolaises. Est-ce la seule raison? N’a-t-il pas traité le Premier ministre hollandais d’Harry Potter? Il y a surement d’autres causes qui ont abouti à des frustrations longtemps réprimées. Et c’est là qu’il faut chercher la solution. La politique belge au Congo n’a pas changé d’un iota, depuis Léopold II jusqu’ à De Gucht, et c’est là le problème. La Belgique a toujours pris le Congo pour “acquis”, se complaisant dans une relation sado-abusive. Les millions de dollars belges versés au Congo donnent-ils à la Belgique le droit de regard sur la vie des Congolais? La réalité, c’est que ces millions de dollars ne tombent pas dans les escarcelles du gouvernement congolais, mais principalement dans les poches des ONG belges, avec plus de la moitié de cet argent étant allouée aux salaires et à l’entretien des expatriés belges.
Aujourd’hui les congolais, pour leur développement, ont besoin de l’emploi, des routes, des hôpitaux, du logement. Combien des ces dollars belges sont-ils affectés dans ces domaines? N’est-ce pas étrange que les belges se disent soucieux de leur neveux congolais, mais qu’on ne les voit jamais dans les secteurs vitaux? Les belges ne sont pas au Congo pour les beaux yeux des Congolais, mais plutôt pour l’exploiter sans vergogne; et il est temps de mettre un terme à cela. A la question de savoir si le Congo peut se développer sans la Belgique, je réponds: avec la Belgique actuelle, le Congo ne se développera jamais. La même Belgique qui a saigné le Congo sous Léopold II; la même Belgique qui a immolé Bakanja; la même Belgique qui a immolé Simon Kimbangu; la même Belgique qui a fomenté les sécessions du Katanga et du Sud-Kasaï; la même Belgique qui a immolé Patrice Lumumba; la même Belgique complice et aphone lorsque le Congo baignait dans le sang de 5 millions de ses fils et filles; la même Belgique qui soutient la dictature au Rwanda et qui est incapable de demander un dialogue inter-rwandais qui ramènerait la paix dans la région des grand-lacs; la même Belgique qui aujourd’hui travaille à la balkanisation du Congo…la liste n’en finit pas.
Aujourd’hui le Congo et la Belgique font lit à part. Devraient-ils continuer à faire semblant lorsqu’en réalité rien ne va, juste “for the sake of the children?”. Ou alors devront-ils attendre jusqu’à ce que les enfants grandissent avant de prononcer le divorce? Les belges se disent soucieux du peuple congolais, croyant taper la corde sensible de leurs neveux. Mais cela ne marchera pas, car le Congolais n’est plus naïf. Cela ne marchera même pas avec l’opposition congolaise, pas après avoir “livré” Bemba. Qui pâtira plus de ce divorce? Les seuls Congolais, ou ces milliers des belges qui s’enrichissent dans l’eldorado des Grand-Lacs? Lorsqu’un ministre belge se permet de crasher à la figure du président congolais, le tollé général qui s’en suit n’est pas un débat stérile. C’est seulement un partenaire abusive qui le qualifierait d’ainsi, car ne considérant pas le Congolais digne d’être traité avec respect. C’est un crime de lèse majesté. Cela touche à l’essence même de l’âme congolaise. Cela veut dire qu’on ne pourra jamais laisser le Congo se développer car les congolais ne sont pas des hommes. Le Congo est une propriété d’exploitation de la Belgique et personne ne pourra jamais changer cela. Aujourd’hui les ministres belges s’octroient le droit d’ignorer leurs collègues congolais pour traiter directement avec le chef de l’Etat. Cela traduit toute la perception qu’ils ont de l’homme congolais; et cela n’est pas prêt à changer, quelque soit celui qui sera au pouvoir au Congo. Il est temps que le Congolais rebiffe avec la dernière énergie ce traitement condescendant lui imposé depuis Léopold II. Ne pas le faire amènerait le Congo à continuer à adopter des comportements et à prendre des décisions non salutaires, à l’instar de la zaïrianisation.
Sans l’indépendance spirituelle et mentale, il n’y aura jamais d’indépendance ni politique, ni économique. Voila pourquoi ceci n’est pas un débat stérile. Les Congolais n’ont pas besoin d’argent pour restaurer leur fierté, leur dignité, leur indépendance. Le moment, c’est maintenant. La Belgique doit-elle ranger au placard le ministre De Gucht? Cela ne changerait pas grand-chose, sachant que celui-ci ne fait qu’exprimer la position officielle belge. Mais que la Belgique soit incapable de le faire pour ne fût-ce que sauver les meubles, cela montre à suffisance combien le royaume de Léopold II tend vers sa perte. Même l’Amérique, au plus profond de son incompétence, a eu le courage de taire le bouillant Rumsfeld aux remarques acerbes à l’endroit de la “vieille Europe”.
Que la Belgique reste chez-soi avec ses millions de dollars, ses ONG, ses expatriés…et surtout, ses Kalachnikovs. Le Congo pourrait alors s’occuper de son propre développement.
Muan'a 30 Juin
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